Domaine Guy Breton

Guy Breton, affectueusement surnommé "P'tit Max," est une des figures qui a marqué le renouveau qualitatif du Beaujolais à partir des années 1980. En reprenant le domaine familial de son grand-père en 1986, le vigneron a opéré une rupture radicale. À cette époque, l'identité du Beaujolais était dégradée par la standardisation imposée par le négoce qui recourait aux levures sélectionnées (comme la 71B) conférant aux vins un goût uniforme de banane (molécule d’acétate d’isoamyle).

En quête de sens dans son travail, P'tit Max s'est joint à un groupe de vignerons surnommé « la bande des quatre » et qui comptait comme figure tutélaire Marcel Lapierre ainsi que Jean-Paul Thévenet et Jean Foillard. Ce groupe avait pour modèle Jules Chauvet, œnologue et chercheur, pionnier de la vinification sans soufre. Ces vignerons rebelles sont à l’origine du mouvement des vins naturels en France.

Leur philosophie impliquait un retour aux pratiques ancestrales : bannir les herbicides et les pesticides de synthèse en privilégiant les travaux mécaniques et manuels. Récolter les raisins à parfaite maturité afin d’éviter la chaptalisation et de bénéficier d’une riche population levurienne. Refuser l’usage de la thermovinifcation, très en vogue dans le Beaujolais.

La signature de Guy Breton réside encore aujourd’hui dans sa maîtrise de la macération semi-carbonique. Cette technique de vinification traditionnelle en Beaujolais est réalisée en grappes entières (raisins non égrappés) et dure généralement entre 10 et 15 jours. Le processus débute par un encuvage des raisins à froid, une étape cruciale permettant de minimiser l'extraction des tanins. Le pressurage s'effectue à l'aide d'un pressoir vertical qui extrait un jus limpide, riche en arômes (fermentation intra-cellulaire de type enzymatique). L'élevage se fait en barriques usagées pour apporter une micro-oxygénation sans masquer le fruit ou le terroir. Concernant le soufre, les vins ne sont ni collés, ni filtrés et l'ajout de dioxyde de soufre (SO₂) est réduit à une dose infime, souvent uniquement au moment de la mise en bouteille.

Concentré sur l'appellation Morgon, le domaine de Breton s'étend sur un peu plus de 4 hectares, (notamment les lieux-dits Saint-Joseph et Les Charmes), sur des sols granitiques et schisteux. Le domaine produit des vins d'une délicatesse exceptionnelle, souvent décrits comme des « bombes de fruit ». Ce style vif et éthéré, qui confère à la cuvée de morgon P’tit Max (les plus vieilles vignes du domaine) un potentiel de garde inattendu, est la preuve concrète que la philosophie non interventionniste de Guy Breton révèle un vrai terroir, celui du Beaujolais.